Enquêtes orales
Archives sonores, patrimoine des anciens sites industriels et savoir-faire du Verdon
Les Mémoires orales des industries du bord de l’eau du Pays Asses, Verdon, Vaïre et Var
Dans le cadre de Secrets de Fabriques, trente deux heures d’enquêtes ont été collectées par une ethnologue de l’association Paroles Vives auprès de témoins résidant à Grasse, Barrême, Malijai, Moriez, Hyèges, Saint-André-les-Alpes, La Mure-Argens, Lambruisse, Argens, La Bâtie, Château-Garnier, Thorame Haute, Beauvezer, Colmars-les-Alpes, Allos, La-Foux-d’Allos.
Ces archives sonores doivent prendre place dans la valorisation patrimoniale des anciens sites industriels de Barrême, La Mure-Argens et Beauvezer. Elles révèlent aussi des informations patrimoniales sur les territoires de Colmars-les-Alpes et Allos.
Ces enquêtes ont été réalisées sous la direction d’un comité de pilotage et documentées par le prestataire Paroles Vives dans les locaux du partenaire scientifique et technique du projet la phonothèque de la MMSH d’Aix-en-Provence. Leurs notices descriptives sont publiées dans un catalogue documentaire comprenant des fiches chronothématiques ainsi que des index par mots clefs, noms propres et noms de lieux cités.
Catalogue des enquêtes orales 2012
L’intégralité du corpus est audible sur le site de la phonothèque de la MMSH.
Nous vous proposons d’écouter des extraits sonores de ces enquêtes dont les propos sont présentés en trois grands ensembles : les commentaires autour de l’or bleu ou la vie pour les exploitants de lavande, la vie des minotiers et leur réseau de boulangers et enfin une thématique forte et transversale, la vie quotidienne à la grande époque de ces industries. La thématique des draperies est timidement représentée dans le corpus, ses souvenirs s’estompant dans les mémoires des derniers témoins. La plupart des propos traitent de l’entre deux guerres mondiales, quelques uns sont beaucoup plus actuels notamment sur l’exploitation de la lavande en 2012 à Argens. Bonne écoute à tous !
Dans le cadre de l’opération de mise en tourisme du patrimoine culturel du Pays A3V, l’ethnologue Corinne Cassé, chargée de mission de l’association Paroles Vives, , a effectué du 28 avril au 30 août 2012 une série d’enregistrements pour recueillir la mémoire orale des activités drapières, de la minoterie de la Mure-Argens et de la distillerie de Barrême. Des extraits de ces enquêtes sont audibles sur cette page.
Ce travail, limité dans le temps, n’avait pas la prétention de produire une analyse close de cette réalité industrielle mais d’ouvrir des fenêtres sur certains de ces aspects concrets : qu’avaient apporté ces entreprises pour la population, quel était le contexte social de leur implantation, de quoi héritaient-elles et qu’avaient-elles laissé ?
Les témoins sont les descendants des propriétaires, des contemporains, des professionnels partenaires de ces entreprises, ou de jeunes professionnels héritiers des savoir-faire. Chaque récit d’expériences personnelles et de souvenirs familiaux illustre l’un ou l’autre aspect de l’activité industrielle : la vie quotidienne dans la minoterie, la transmission du métier, l’appropriation et l’intégration des atouts du territoire dans une activité, la recherche de la nouveauté, des évolutions technologiques. Chacune de ces pièces de mémoire personnelle est légitime car elle compose, avec toutes les autres, le portrait vivant d’une aventure humaine, de son territoire, de son époque et de ses valeurs.
Trente deux heures d’entretiens ont été ainsi collectées et font partie aujourd’hui des archives du patrimoine commun. Elles sont déposées auprès de l’association Pays A3V, commanditaire du collectage, et auprès de plusieurs partenaires du projet pour sa conservation et sa mise à disposition : les archives départementales 04, la phonothèque de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, le Musée de Salagon, le Service de l’Inventaire général du Patrimoine Culturel, les Communautés de Communes du Moyen et du Haut Verdon Val d’Allos.
Les témoins participant aux entretiens ont donné par contrat leur autorisation pour l’utilisation de leur parole dans le cadre de restitutions muséographiques, culturelles et touristiques. Trente trois personnes sur seize villes et villages, de Barrême à la Foux-d’Allos, ont légué leurs souvenirs sur les entreprises de la région, l’utilisation de l’eau, les évolutions techniques, la vie quotidienne des campagnes des années 1930 aux années 1980.
La grille d’enquête utilisée couvrait les trois domaines majeurs et leurs liens professionnels : distillerie et culture de lavande, minoterie, production de céréales et activité de boulangerie, draperie et élevage ovin. Très vite les commentaires des personnes ont révélé une imbrication étroite entre les espaces professionnels. Chacun, chacune avait une expérience plus ou moins lointaine de ces professions, les familles allant souvent de l’une à l’autre pour trouver les revenus nécessaires au foyer. Dans l’ensemble des récits les thèmes de l’évolution des techniques, de l’ingéniosité et de la créativité dominent largement.
Ces souvenirs d’activité sont, pour les témoins, l’occasion d’exposer une réalité rurale difficile pour leurs parents au début du 20ème siècle jusque dans les années 1960 même si leurs souvenirs d’enfance sont colorés d’une sensation plus sereine que la vie aujourd’hui. Ils se situent néanmoins dans un contexte social de travail incessant, sans congé, pour un résultat toujours précaire, permettant tout juste de subvenir aux besoins élémentaires. Les plus modestes louaient leur force de travail dans les travaux agricoles, ceux de la terre, des bêtes et du bois et, lorsqu’ils le pouvaient, entretenaient leurs maigres hectares. Ainsi, l’apparition d’entreprises, même de petite taille, représentait une embauche plus pérenne et un salariat régulier pour des dizaines de personnes et la sécurité de leur famille. Les héritiers de ces entrepreneurs nous ont raconté l’investissement financier et l’intérêt de leurs aïeux pour les avancées technologiques, leur formation, leurs relations avec la population.
Cette première campagne de collectage, réduite à quelques personnes, révèle une disposition certaine des témoins à penser leur région sur une longue période de développement et de transitions. Entre l’élevage et la culture comme uniques moyens de subsistance, les villages ont connu les bouleversements des deux guerres, des expériences industrielles, de leur fermeture, des métamorphoses du tourisme (de luxe puis de masse), du chômage des femmes et du départ des jeunes.
Si les difficultés quotidiennes ne sont pas éludées, ce sont les savoir-faire, les compétences et la créativité de ces hommes et de ces femmes qui prennent une place centrale dans tous les entretiens. Les activités professionnelles interrogées rendent compte des liens entre les villages mais aussi vers les régions voisines, Marseille, Nice, Gap, pour vendre, acheter, travailler et se former…
Enfin, un éclairage très actuel des professions, éleveurs ou encore lavandiculteurs, expose l’intégration des connaissances fines des expériences du passé dans une exploitation en 2012, avec ses parti pris, la précision de ses savoir-faire, ses choix économiques.
Une série de trois espaces est réservée sur ce blog à l’écoute d’extraits d’entretiens sélectionnés :
- l’exploitation de la lavande, la distillerie de Barrême
- la minoterie de la Mure Argens, la vie au moulin, les liens avec le monde de la boulangerie
- la vie quotidienne et le travail dans les campagnes à la Foux-d’Allos, Barrême, Saint-André-les-Alpes
La thématique des savoir-faire, leur apparition et leur transmission, est transversale à tous les sujets. Cette sélection d’extraits n’est pas exhaustive, elle ne rendra compte que d’une partie de la mémoire collectée, de quelques fenêtres ouvertes sur un ensemble plus vaste que vous pourrez découvrir en écoutant l’intégralité de la collection.
L’intégralité des notices descriptives de la collection est disponible sur le site de la phonothèque de la MMSH. L’association Paroles Vives a été chargée du traitement documentaire de ces enquêtes suivant la méthodologie prescrite par la phonothèque et la bibliothèque nationale de France.
Nous remercions ici l’ensemble des personnes rencontrées. Celles qui nous ont aidé dans la construction du terrain et les témoins et leur famille, pour leur accueil et leur participation, pour la qualité de leur témoignage et leur volonté de transmettre ces savoir-faire et ces savoir-être comme un héritage commun.
Chacun et chacune est dépositaire d’éléments uniques de cet héritage et, de fait, un témoin légitime. Dans un contexte idéal, cette mémoire devrait avoir un espace où être déposée, entendue et conservée pour être transmise.
Le projet de mise en tourisme du patrimoine culturel du pays A3V réalise en partie cette mission. La société toute ensemble des vallées peut elle aussi prendre soin de cette mémoire en légitimant cette prise de parole, en la stimulant et en aménageant des espaces de recueil, inspirée d’un célèbre dicton africain : Si tu ne sais pas où tu vas, au moins sache d’où tu viens.
L’exploitation de la lavande, la distillerie de Barrême
Les témoignages recueillis en 2012 sur l’exploitation de la lavande avant la seconde guerre mondiale présentent une série d’exemples de souvenirs transmis au sein des familles. Nous vous proposons d’en écouter ici quelques extraits. Souvenirs d’une ressource extraordinaire lorsque la vente des fleurs dépassait largement le salaire d’un instituteur, souvenirs des activités autour des nombreux alambics de campagne, ou encore de l’attente fébrile de la date autorisant la première coupe sur les terrains sauvages de montagne. Un entretien particulier entre deux générations de salariés de la distillerie Mane, compare les salaires des années 40 et des années 70, et permet de comprendre l’écart entre deux sociétés, entre ce que représentait le salaire à la distillerie avant la guerre et pour un étudiant en 1970.
Les entretiens nous font découvrir une multitude de détails. Par exemple, celui de ce lavandiculteur aujourd’hui, qui connait, par récit entendu au sein de sa famille, de son réseau relationnel ou par sa propre participation, les histoires d’utilisation des alambics de campagne jusqu’au années 60 et 70.
Souvenir de la combustion de vieux pneus dans les alambics autrefois
Il peut situer ces utilisations dans leur contexte, les expériences et les erreurs du passé, et peut les comprendre, les expliquer : le trop petit nombre d’alambics de campagne face à la multiplication des parcelles, l’impossibilité de stocker la fleur, la connaissance grossière de la combustion et de la fabrication chimique de l’essence. Dans son parcours il a cherché à savoir et à comprendre l’impact de la chauffe et de sa régularité dans la qualité de l’essence. Ce savoir lui a permis d’améliorer sa pratique en perfectionnant les acquis des générations précédentes.
Dans un environnement de procédés très artisanaux, la technologie de la distillerie Mane, avec ses 10 cuves installées en série et alimentées par une chaudière fait figure d’exception. Son produit est de grande qualité mais aussi très stable là où les autres production varient fortement.
Explications sur le fonctionnement de la distillerie Mane de Barrême
Le travail au sein de la distillerie Mane a laissé des souvenirs impérissables dans la mémoire de ses salariés. Malgré le temps ou le peu de temps passé dans l’entreprise, chacun a été marqué par les techniques inventives de la machinerie du début du 20ème siècle à la distillerie Mane de Barrême. Ce témoin, par sa curiosité, son observation attentive a appris un savoir-faire technique, des procédés chimiques et en témoigne encore avec passion.
Explications sur le fonctionnement de l’essencier après la distillation
L’or bleu, la lavande, dont tout un chacun essaye de vendre de la fleur ou de l’essence aux courtiers des parfumeries de Grasse, dépasse toutes les autres sources de revenus. Les témoins comparent leur salaire au revenu de la vente de la fleur…
Comparaison entre les revenus issus de la lavande et le salaire d’un instituteur
…ou se souviennent des soins aux cultures, de la récupération des graines sous les tiges dressées en "andins" pour éviter quelles ne pourrissent dans la cours de la distillerie de Barrême.
Comment récolter des graines de lavande pour le repiquage
La vie reprend à la belle saison. De grands évènements rythment l’année : les foires, les fêtes votives, les saisons agricoles. Celle de la lavande ne déroge pas à la règle. Les courtiers visitent les villages, les coupeurs sont embauchés, les locaux comme ceux venus d’Italie ou d’Espagne, les distilleries et les alambics de campagne tournent à plein régime. Cette suractivité temporaire, à forts revenus qui plus est, fait circuler les hommes, les bêtes, créé de l’activité et des odeurs. Le soir venu, on vient bader, flâner du côté des distilleries. C’est l’occasion de se retrouver et de profiter du parfum qui envahit tout.
Souvenirs de la saison de distillation à Barrême
Les savoir-faire autour de l’exploitation de la lavande sont multiples : de la coupe des fleurs au meilleur moment, de leur entreposage pour éviter le moisissement à ceux plus récents entourant la distillation. Ce jeune lavandiculteur explique la nécessaire "désinfection" des cuves entre les distillations de plantes différentes pour assurer une qualité optimale de l’essence AOC. Ce savoir-faire est issu de son héritage familial, de ses études comme de son expérimentation personnelle. Au cours de son entretien il décrit ses choix de pratiques professionnelles respectant une charte de qualité pour une valorisation d’un produit local et son plaisir de transmettre ses connaissances aux visiteurs de son entreprise.
Explications sur la désinfection entre les distillations d’essences diverses
Tous les savoirs semblent se croiser, des techniques modernes des jeunes professionnels, issus de leurs études spécialisées, aux savoirs plus anciens, empiriques comme cette description du voyage de l’essence dans la tige de la lavande, en fonction du froid, du soleil, de la pluie.
Explications sur l’essence végétale
Le travail de la main, la maîtrise du geste, le rythme des mouvements font la différence d’un terrain à l’autre, d’une plantation à l’autre et de sa configuration. Dans cette description des différentes formes de "coupe" de lavande, les savoir-faire et compétences techniques se présentent comme des spécialités de groupes de travailleurs. Dans les équipes de coupeurs venus d’Italie ou d’Espagne, la façon de couper se transmettait, d’une génération à l’autre, d’un coupeur à l’autre. Elle semblait devenir une carte de visite professionnelle, un savoir spécifique, observé, reconnu, discuté, en compétition dans le monde de la lavande.
Commentaires sur les différentes coupes de lavande
Corinne Cassé
Crédits photographiques
Alambic de Lambruisse, Corinne Cassé, 2012, avec l’aimable autorisation de son propriétaire.
Lavandula Angustifolia, Rillke, 2011, Creative Commons, partage à l’identique
La minoterie de la Mure Argens, la vie au moulin, les liens avec le monde de la boulangerie
Dans les témoignages recueillis en 2012 sur l’histoire de la minoterie de la Mure-Argens la rivière de l’Issole et les usages de la farine prennent une place centrale. L’accès aux cours d’eau, source de vie, pour les hommes, les plantes et les bêtes, intimement dépendants les uns des autres, devient un enjeux. Indispensables aux activités des moulins, des scieries, des draperies et des distilleries, l’accès à l’eau et son usage sont réglementés, objets de querelles, de conflits, de procès, de décisions administratives. Les archives glanées par le cabinet d’archivistes, prestataire du projet, en attestent.
Toute l’histoire de l’accès aux cours d’eau est décrite dans les archives des entreprises, dans les archives communales et notariales. La puissance de l’eau et son énergie sont un bien précieux, jalousement gardé, étroitement surveillé et ses canaux entretenus saison après saison. L’eau est un acteur omniprésent de cette aventure industrielle.
Au bord de l’eau vit la minoterie. En son sein tournent les machines et leurs pièces de bois, de cuir, de métal. Elle prend une apparence presque humaine, fait vibrer l’ensemble du bâtiment et la famille du meunier qui vit à son rythme. Les témoins se souviennent d’odeurs, d’un bruit sourd permanent auquel le meunier s’est habitué mais qui surprend les visiteurs. Chaque son révèle une action, une circulation du grain. Chacun est connu et reconnu par le meunier qui peut ainsi déceler, avec l’aide de la masselotte et du tintement de sa cloche, une baisse de régime, un problème sur le circuit de production. L’intervention est immédiate et précise. On ne peut quitter ce ventre qui vibre, qui ne peut s’arrêter. "Remettre un moulin en route c’est toute une histoire". Si le propriétaire s’évade quelques heures pour livrer de la farine, il laisse l’ensemble sous la surveillance de ses meuniers en qui il met toute sa confiance. L’attachement au bâtiment et au métier semble puissants dans les souvenirs : physique, viscéral.
Souvenirs du rythme des machines
Il n’y a pas de saison de fermeture pour la minoterie. Les souvenirs d’enfance et de vacances se déroulent dans le bâtiment ou sur les berges de l’Issole. Ils témoignent d’une existence intimement liée au moulin et à son fonctionnement toute l’année, quel que soit le débit de l’eau, quelles que soient les quantités de farine et la qualité de ses blés.
Souvenirs du quotidien dans la "maison-moulin"
Mis à part quelques rares achats à l’extérieur, l’espace sauvage environnant le moulin et les terres cultivées, propriétés de la famille du meunier, suffisent à la vie en autarcie.
Explications sur la vie en autarcie au moulin
Tous les témoins interrogés situent un tournant crucial avec l’arrivée des grands moulins (Storione, Moulins de Paris) dans les rapports entre meuniers et boulangers. Changements dans les rapports humains et dans le contrat moral qui semblait lier les deux : d’un commerce de proximité et d’une sorte de fidélité au fournisseur à un rapport commercial plus distancié, plus systématique avec des représentants concurrents. Autrefois, le boulanger pouvait aller chercher à pied une petite quantité de farine, traverser le village avec son charreton à bras jusqu’au moulin où le temps se suspendait l’espace de la visite et de l’achat.
Description du relationnel entre le minotier et "ses" boulangers
Dans l’univers de la farine, comme dans toute branche professionnelle, la recherche des compétences fines existe à tous les niveaux. De même un bon professionnel capable de faire tourner une turbine hydroélectrique sera recherché à travers toute la vallée (ce fut le cas pour la turbine de Colmars), un bon boulanger, sachant "travailler" la farine, quelle que soit sa qualité et sa "force", sera identifié comme un expert. Ce qui semblerait être dû au talent et au hasard est en fait le produit d’une longue suite d’expérimentations, d’observations, d’éliminations et d’essais renouvelés. Tel boulanger est réputé plus "dégourdit" que les autres, il fait du "bon pain avec tout", il sent sa farine, en mesure la température, suit sa fermentation avec attention et curiosité. Son savoir s’avère être issu d’un processus rôdé, organisé et qui fait ses preuves. Son travail et ses connaissances seront utilisés au même titre que l’expertise d’un laboratoire par la filière commercialisant la farine.
Corinne Cassé
Crédits photographiques
Intérieur de la minoterie de la Mure-Argens (04), Inventaire du patrimoine, 2012
Champ de blé, Louis Braquaval, 1900, domaine public.
La vie quotidienne et le travail dans les campagnes à la Foux-d’Allos, Barrême, Saint-André-les-Alpes
Dans le monde agricole avant la seconde guerre mondiale, les connaissances fines de la terre, de ses capacités et des soins à y apporter sont les seules garanties pour assurer une production suffisante et échapper à une trop grande pauvreté. Les hommes développent leur ingéniosité pour soulager leur travail, optimiser les tâches et perfectionner les outils.
Utilisation d’un traineau de transport
Pour assurer les ressources alimentaires, on compte sur la complémentarité des cultures et les ressources de l’espace sauvage.
Souvenirs de la coupe du blé et de la complémentarité des cultures
La chasse aux marmottes à la Foux d’Allos
Dans ce contexte, les enfants de chaque famille modeste sont investis dans les travaux des champs ; seuls les enfants de propriétaires vont au-delà du certificat d’études. Plusieurs récits témoignent de l’attachement à la scolarisation des enfants, malgré le besoin de leur force de travail aux côtés des adultes, l’école étant pressentie comme le seul moyen d’échapper à la précarité du travail paysan.
Trajet jusqu’à l’école dans la neige dans l’entre deux guerres
Dans ce quotidien décrit comme tellement tributaire de la multiplication de petites ressources, toujours incertaines, de la crainte de la pauvreté et de la soumission aux aléas naturels les fêtes et les animations rattachées aux grandes saisons de la terre tiennent une place toute particulière.
Les souvenirs de ces fêtes sont vifs : c’est l’occasion de renouer ou resserrer des liens au sein de la communauté, de rompre avec le quotidien et pour les jeunes de faire la rencontre de futurs époux. La saison de la lavande qui colore brutalement les montagnes alentours et sa distillation en sont un exemple. Les témoins évoquent son parfum, l’activité fébrile qui agite le pays.
Souvenirs des fêtes autour de l’hôtel de la gare de Barrême
Corinne Cassé
Crédits photographiques
Tour de France Belfort, 1930, auteur inconnu, Nationaal Archief, Domaine public
Jeu provençal à Annot,1909, Auteur anonyme, domaine public